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                       MAURICE SCHVK                        87

« ballades », aucune de ces « épisseries » éloquemment
proscrites par Du Bellay. Il a essayé de réduire à l'unité d'un
même dessin toutes les parties d'un long poème, — ce qui
est le commencement de l'art de composer, — et il a lui-
même, à ce que l'on croit, vécu quinze ou vingt ans encore,
mais, dans sa Délie, la plainte de l'amant ne se termine
qu'avec son existence :

         Si lu t'enquiers pourquoi sur mon tombeau,
         L'on aurait mis deux êlémens contraires,
         Comme tu vois être le feu et l'eau
         Entre êlémens les deux plus adversaires,
         Je f avertis qu'ils sont très nécessaires
         Pour te montrer par signes évidens
         Que si en moi ont été rêsidens
         Larmes et feu, bataille durement rude
         Après ma mort, encore ici dedans
         Je pleure et ars pour ton ingratitude.


   11 a cru encore que la poésie n'était pas une bagatelle ou
un baladinage, et que ceux-là n'étaient ni des oisifs, ni des
inutiles parmi les hommes qui s'efforcent d'entretenir en
nous le culte de la Beauté. Ce sera la croyance aussi, vous
le savez, de Ronsard et de Du Bellay ; mais ce n'avait pas
été celle de leurs prédécesseurs; et quand nous ne devrions à
l'auteur de « Délie )>, que cette unique leçon, elle était
assez nouvelle, et il semble qu'elle eût dû suffire à sauver de
l'oubli l'œuvre et le nom de Maurice Scève.
   Comment donc se fait-il qu'ils aient presque péri l'un et
l'autre ? La réponse est aisée. C'est, Messieurs, que rien
d'humain ne saurait longtemps survivre à sa raison d'être,
ni rien de naturel, aucun organe à sa fonction ; et les « types