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78             UX PRÉCURSEUR DK LA PLKIADF.

pour son maître s'unit si tendrement à la plainte amoureuse ;
et, rien que pour les avoir inspirés, comme aussi pour avoir
été lui-même le poète favori de ce milieu dont je ne puis
vous donner qu'une idée bien insuffisante, je me doute,
Messieurs, que mon poète vous apparaît déjà sous un jour
moins fâcheux.
    Je nevousparleraipasde ses premières-oeuvres. Marot avait
mis les Blasons à la mode : c'était, vous le savez, un genre
de vers descriptifs et allégoriques où l'ingéniosité du poète
s'épuisait à détailler les qualités d'un objet, — et notam-
ment celles d'une partie du corps, ou d'une pièce du costume
féminin. Maurice Scève a donc fait le Blason du Sourcil,
celui du Front et celui de la Gorge (2). Mais sans doute il
s'est lassé promptejnent de ce jeu, qui sentait trop son
moyen âge, et puis dont la licence, — qui ne tarde pas
à en devenir comme inséparable, — ne pouvait longtemps
s'accorder avec l'idée plus chaste, plus secrète et plus sainte
qu'il se faisait de la beauté. Sous le titre mythologique
à'Àrion, nous avons encore de lui, sur « le trépas de
François, dauphin de Viennois, fils aîné du roi François I er ,
mort à Tournon le 10 août 1536 », une églogue dans le
goût des Complaintes ou des Déploraiions funèbres de Marot et
de Lemaire des Belges.Poésie de circonstance, poésie d'occa-
sion ! Passons rapidement sur le reste... Malgré l'exemple de
l'Italie, le lyrisme français ne se rendait pas compte encore
qu'il lui fallait chercher le principe de son inspiration dans
l'âmedupoète; et, au fait, il ne l'a compris pour la pre-
mière fois que du jour où Maurice Scève, quittant la trace de



 (2) On trouvera ces Blasons et beaucoup d'autres, dans l'édition de
Marot donnée par Lenglet-Duiresnoy, t. III, La Haye, 1731.