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MAURICK SCÈVE 77 de Rabelais. La curiosité passionnée des choses de l'esprit y avait gagné jusqu'aux femmes. Le nom de Louise Labé « la belle Cordière », brille seul aujourd'hui d'un éclat qui durera sans toute aussi longtemps que la langue française, mais, à côté d'elle, ni Jeanne Gaillard, ni Clémence de Bourges ne sont indignes de mémoire, ni Claudine et Sybille Scève, les soeurs ou les cousines de Maurice, ni Pernette du Guillet, qui fut peut-être sa « Délie ». Etaient- elles belles ? avaient-elles toutes ce charme, respiraient- elles toutes cette « décence tendre et cette chasteté volup- tueuse » que Michelet, Lamartine, et Renan tour à tour ont vantées dans des pages célèbres (x) ? Leurs oeuvres du moins sont bien marquées de cet accent de « mysticité profonde et sensuelle » qui semble de. tout temps avoir caractérisé le tempérament lyonnais dans la littérature et dans l'art. Puisque de nom et de fait trop sévère En mon endroit te puis apercevoir ; Ne f ébahis, si point ne persévère A faire tant par art et par savoir Que tu lairras d'aller les autres voir : Non que de toi je me voulusse plaindre, Comme voulant ta liberté contraindre. Mais avis m'est que ton saint entretien Ne peut si bien en ces autres empreindre Tes mots dorés, — comme au cœur qui est tien. C'est à Maurice Scève précisément que Pernette du Guillet adressait ces vers, où l'admiration jalouse de l'élève (1) Voyez Michelet, Histoire de France, t. II ; Lamartine dans ses Girondins, livre XLIX, et Renan, l'Eglise chrétienne, ch. xxiv.