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38 LE « VOYAGE A NICE « de l'espace compris entre la rive droite du Rhône, et la rive gauche de la Saône. D'en haat, il voit les deux grands fleuves mêler et confondre leur eaux, et contemple.la ville tout entière. Rien de plus délicieux que sa maison et ses jardins. Ceux qui bâtissent ainsi me paraissent être sagement fous, et ne pas mal employer leur argent. « Non loin de Lyon sont les magnifiques restes de Vienne, aujourd'hui petite cité. Tant que subsista la puissance des Allobroges (1), Vienne donna des lois aux montagnes du Dauphiné, et à tout le pays entre les Alpes et le Rhône. Elle a été obligée de céder le premier rang, et une autre ville, qui a un nom grec (2), s'est emparée de la préémi- nence. Ici, à profusion, s'offriront à . vos yeux les monu- ments du génie latin : d'immenses portes sculptées de marbre, des arcs sans nombre, des châteaux (3), le palais des Césars. Une jolie rivière (4) coule dans la ville avec un doux murmure, en formant des bras ou des canaux qui se partagent à travers les rochers. Charmé par la beauté de ce ruisseau, j'ai voulu puiser à pleines mains à ses eaux sacrées (5), et même m'y plonger tout entier ; mais j'en ai ressenti de vives douleurs à l'estomac et aux entrailles. « Roussillon(6)nous offrit ensuite une magnifique hospi- (1) Je pense que l'Hôpital veut parler du second royaume de Bour- gogne, dont Vienne fut la capitale. (2) Grenoble, Gratianopolis. Ce mot ne pouvait entrer dans le vers. (3) Nous traduisons ainsi, mais non sans hésitation, pratôria. (4) La Gère, qui arrose Pont-Evêque et le quartier Saint-Martin. (5) Sacros latices. Pourquoi sacrées? Peut-être parce que cette petite rivière, qui coule près de monuments antiques, mérite par cela seul, aux yeux d'un érudit de la Renaissance, une sorte de vénération religieuse. (6) Chef-lieu de canton du département de l'Isère. — La route passé au Péage ; la duchesse de Savoie se détourna un peu sur la gauche pour