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 30                  LE « VOYAGE A NICE »

 assisté avec désespoir au naufrage de la patrie ( i ) . »
    Il reste à dire dans quelles circonstances fut accompli le
 voyage de Nice. Il avait été convenu que la paix de
 Cateau-Cambrésis, du 3 avril 1559, serait cimentée par
 le double mariage d'Elisabeth, fille de Henri II, avec
 Philippe II, et de Marguerite, sœur du roi, duchesse de Berri,
 avec Emmanuel-Philibert, duc de Savoie. Au milieu des fêtes
splendides données à l'occasion du voyage de sa sœur Mar-
guerite, Henri II fut mortellement blessé dans un tournoi
par le comte de Montgommery, le 29 juin 1559 ; il mourut
le 10 juillet. Les noces de Marguerite de France avaient été
célébrées la veille, « lesquelles, dit Vieilleville (2),
ressemblaient mieux ung convoy de mortuaire et funérailles
que à aultre chose ; car au lieu de hautbois, violons et aultres
resjouissances, ce n'estoient que pleurs, sanglots, tristesses
et regrets, et, pour mieulx représenter ung enterrement, ils
espouzèrent ung peu après minuict ; car le Roy avoit desjà
perdu la parolle et tout usaige de raison, ne cognoissant
plus personne. » Le pouvoir passait aux mains d'un
jeune homme maladif, et le supplice d'Anne du Bourg
ensanglantait les premiers jours du nouveau règne.
   C'est dans ces tristes conjonctures que la duchesse de
Savoie, après un séjour à Romorantin, s'achemina vers
Nice, où elle devait trouver son mari, et passer la fin de
l'hiver. Marguerite évita de passer par Bourges, capitale de
son duché de Berri; elle fut rejointe à Dun-le-Roi par son
chancelier, Michel de l'Hôpital, et traversa la forêt de


   (1) De Obitu Jacobi Fabri, dans les Poésies latines de l'Hôpital,
livre VI.
   (2) Mémoires, livre VII, chap. 28 (collection Michaud, i r e série,
t. IX, p. 284).