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LE CURÉ DE DORNHEIM 163 durent charrier ses bagages et ses chiens. Le chancelier se montra exigeant pour la nourriture, et le curé de Dornheim nous apprend que ce fut l'apothicaire d'Arnstadt qu'on chargea de lui fournir ses desserts. En 164F, quand vint le général impérial Hatzfeld, que notre curé appelle le bour- reau de la Thuringe, des cavaliers parcouraient le pays afin de lui procurer du gibier pour les jours gras et du poisson pour les jours maigres. Les crimes commis par les soldats étaient quelquefois punis. Un Croate avait pillé dans le château d'Arnstadt et avait menacé la comtesse de Gleichen, de lui couper le doigt si elle refusait de lui donner son anneau. Il fut pendu à un saule, et le journal nous apprend que c'était un arbre que le curé avait planté lui-même. En 1625, trois cavaliers pillards furent arrêtés par les hallebardiers du comte Gun- ther, condamnés à mort et décapités, et le curé de Dornheim nous assure que ce fut un beau spectacle. Cependant les crimes demeuraient le plus souvent impunis. Un soldat ayant tué une jeune fille qui lui résis- tait,, le père alla se plaindre au colonel, et celui-ci répondit que la jeune fille aurait dû céder. « Tels sont, ajoute le curé, les gens auxquels nous devons payer des contribu- tions. » Tilly, le pieux Tilly lui-même, aux plaintes qu'on lui adressait se contentait de répondre « qu'il ne pou- vait pas transporter ses soldats en l'air comme des oiseaux. » Un seul général trouve grâce devant Thomas Schmidt, c'est Gaspard Ermes, commandant suédois d'Erfurt. Cet homme pieux, nous dit-i!, maintint la discipline. Il mourut malheureusement, le 12 mai 1648, d'une blessure qu'il avait reçue à Hof dans le Voiçtland.Ii fut enseveli solennel- lement le 2 juillet à Erfurt, dans l'église des marchands.