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                     LA
244                       VÉNUS DE MILO

Milo, ou cet autre qui prétendait, naguère, qu'elle avait été
trouvée dans l'île de Candie.
   On ne saurait, en bonne vérité, se montrer plus candi... de!
   Découverte en 1820, par un paysan de l'île de Milo qui,—
en plantant un figuier, — ne s'attendait certainement pas
à voir sortir de terre... un chef-d'œuvre, la Vénus en
question fut acquise, moyennant six mille francs, par le
Gouvernement français et amenée à Paris.
   Hélas ! elle n'était pas encore au bout de ses peines, la
pauvre !
   Aussitôt installée au _Louvre, elle y devint un brandon
de discorde, le point de départ de querelles ardentes, de
disputes interminables entre les membres de tous les Insti-
tuts européens, de ceux qui sont plus spécialement appelés,
— au point de vue de la statuaire antique, — à mettre en
pratique l'art d'accommoder les restes.
   Pourquoi n'as-tu pas de bras ? Qu'en as-tu fait ? A quoi
te servaient-ils quand tu en avais?
   Autant de questions auxquelles la déesse s'obstinait à ne
pas répondre, ce qui n'empêchera pas nombre de gens
mal intentionnés, de continuer à accréditer le bruit que les
femmes sont bavardes.
   En revanche, les savants écrivaient et parlaient pour
elle : celui-ci prétendait en faire une Néréide, celui-là une
Sapho, un troisième opinait pour une Némésis; les fumistes,
— partout les plus nombreux, — prenaient prétexte qu'elle
manquait de bras, pour en faire la déesse de l'Agriculture !
   Horresco referens !
   Il fallut beaucoup d'encre, de salive et de temps perdu,
pour arriver à cette constatation, qu'on se trouvait, — tout
simplement, — en présence d'une statue de Vénus de la
plus rayonnante époque de l'Art grec.