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                   CHEZ LES BROCANTEURS                   II9

   Je ne vous fatiguerai pas plus longtemps, Messieurs,, du
récit de mes chasses au bouquin à travers le bric-à-brac.
   Vous m'excuserez, en songeant que le fureteur est un
peu comme le chasseur. Il est fier de ses prouesses et a une
tendance bien naturelle à les exalter. Nous avons tous dans
nous un Tartarin qui sommeille.
   Je m'arrête donc ne voulant pas abuser plus longtemps
de vos instants qu'une autre lecture eût employés avec
beaucoup plus d'attraits et de fruits.
   Je n'ai pas voulu démontrer ici l'importance des docu-
ments de l'histoire ; devant une assemblée comme la vôtre,
c'eût été prouver la lumière.
   J'ai seulement tenté de vous faire voir que les bric-à-
brac ont toujours leur intérêt ; que l'on à tort de croire à
ce dicton qui se propage aujourd'hui : « On ne peut plus
rien trouver » et que l'on peut très-bien encore, avec un
peu de recherches et de patience, se constituer à. peu de frais
une petite bibliothèque lyonnaise.
   Oui, Messieurs, on peut encore trouver beaucoup et les
grandes collections, les bibliothèques n'ont pas tout acca-
paré, quoique nous ayons à notre tête l'ennemi le plus
acharné des fureteurs de bouquins, notre excellent ami
Desvernay, notre dévoué et si érudit bibliothécaire.
   Mais consolons-nous ; s'il trouve quelque chose c'est
pour nous, puisque c'est pour la Bibliothèque.
   Tandis que lorsque l'ouvrage tombe entre quelqu'une de
ces mains rapaces et jalouses, qui empilent et cachent les
volumes, comme le paysan enfouit son trésor dans la cave,
ou pour en faire une spéculation et le doter aussitôt de prix
inabordables, si le hasard, la bonne fortune, la providence,
vous font découvrir un ouvrage que vous pouvez arracher
à ces mercantis ou à ces avares, c'est œuvre pie.