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LETTRES DE L ' É C O L E NORMALE 485 où, sous la forme la plus simple, il y a tant de raison, tant de grâce, des idées si vraies, si élevées et si pures, que j'ai vu un jeune homme, l'âme la plus sèche qu'il fût au mondé, m'assurer qu'il ne le lisait jamais sans verser des larmes, •Quoi qu'il en soit, je désire fort que ce petit cadeau puisse te plaire et t'être utile, et il te sera utile, si tu le lis. Car notre esprit se forme et notre âm!e s'épure daris la fréquen- tation de ces grands hommes. C'est là leur admirable privi- lège que toutes fois qu'on s'approche d'eux, on s'en retire meilleur et plus instruit en beaucoup de choses. , Comment vont tes mains et tes. pieds, mon cher enfant ? Ces petits: maux compensent bien en désagrément ce qu'ils ont de peu dangereu^,.Donne-m'en des nouvelles, et sup- porte patiemment ce que, tu ne- peux pas éviter. Fais.bien attention à tes yeux. Qm.veut. voyager loin minage sa mon- ture, comme dit petit Jea-n. . ,; Je vais aujourd'hui à l'Académie voir la réception de M. Mole. Ce sont toujours des discours assez insignifiants, mais il faut connaître ces figures. Jeudi dernier à la Cham- bre des députés, pour laquelle j'ai enfin eu un billet, j'ai vu M. de Lamartine, mais c'est pour moi une illusion de moins, sa figure ne m'a rien dit et ses portraits sont indignement flattés. Tu vois que je cherche un peu à connaître Paris, puisque je n'ai plus que quelques mois à y rester. Ce matin en accrochant le calendrier nouveau que le facteur nous a > apporté, j'ai poussé un cri de détresse en voyant que je n'avais plus que huit mois. Mais bast, je serai aussi bien ailleufs, et si par un bonheur que je n'espère pas, j'étais à Lyon, bien loin de m'affiiger, je serais bien heureux. A la volonté de Dieu. Je vois Olivaint presque tous les jeudis, il ne va pas mal, quoique son estomac soit encore très faible, et il te fait ses