page suivante »
226 HENRI HIGNARD réjouissent parce que M. Villemain n'étant plus ministre, il sera probablement ces années qui vont venir, président de l'agrégation, et lors même qu'il ne le serait pas, son sou- venir me sera une puissante recommandation. Il a une mémoire si prodigieuse qu'il se rappelle, à la distance de plusieurs années, des jeunes gens qu'il a remarqués une fois. M. Havet en est un exemple frappant et aussi il a fait un beau chemin. Voyez comme déjà je deviens ambitieux ! Je dois avouer en effet, que j'ai eu une bien vive joie, d'au- tant plus vive que j'avais craint davantage. Mon oncle pourrait vous dire que tous les soirs de mes compositions, lorsque j'allais le voir, j'étais bien inquiet; j'ai dû les ennuyer terriblement pendant cette semaine. Maintenant je suis très calme, mais je savoure mon bonheur. En effet, mes bons parents, ce n'est pas seulement un succès d'amour-propre, mais un succès très positif qui change presque entièrement ma position. Je suis sûr de rester en troisième année, je suis sûr d'être présenté à l'agrégation, et je peux espérer d'y réussir, puisque j'ai toute la fin de cette année et l'année prochaine pour la préparer. Enfin, d'ici-là , je ne dois plus avoir d'inquiétude. Ce n'est cependant pas une raison pour me reposer et m'endormir; je me suis immédiatement remis à travailler, et la semaine dernière, je n'ai pas perdu mon temps. Pour me reposer j'ai fait un peu d'allemand et j'ai commencé l'italien. Je veux acquérir ainsi une instruction un peu générale, pour concourir un jour avec quelques chances de succès à l'agré- gation des Facultés que Cousin vient de créer. Je serais bien heureux si dans une dizaine d'années un de vos pro- fesseurs de facultés pouvait me laisser sa chaire. Ce qu'il y aurait là de plus beau, c'est que je serais avec vous ; car l'amour de bons parents comme vous, et la douce vie que