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                     DE I496 A 1896                        7
ambitieux ne sont pas seuls à en tirer profit : je vous offre
de m'accompagner en spectateurs, flânant, devisant, se
mêlant à cette foule mouvementée qui s'entasse à rangs
pressés le long des rues, et qui, malgré son excitation
fébrile, demeure, des heures entières, immobile et patiente,
dans l'attente du passage d'une voiture officielle.
   La passion des spectacles a existé chez tous les peuples,
et dans tous les temps. L'homme a besoin de rompre la
monotonie de son existence ; il est instinctivement curieux.
  Il a la curiosité de l'esprit : celle qui pousse vers les
congrès des savants toute personne ayant l'amour-propre
de paraître comprendre et savoir ce que les voisins
ignorent ; celle qui attire aux conférences les affamés de
beau langage ; celle qui fait rechercher les bibelots et les
objets d'art.
   Il a la curiosité des sens : celle que le moindre évé-
nement extérieur excite. C'est celle-ci qui est en jeu dès
que l'annonce d'une réception solennelle est publiée et
qui précipite hors de leurs domiciles tant de familles bour-
geoises et ouvrières avides du spectacle promis.
   De même que dans une représentation théâtrale les
spectateurs peuvent être l'objet d'une étude intéressante,
de même la physionomie de la population bariolée,
bruyante, vibrante, qui encombre les rues, mérite d'être
observée.
   Ne peut-on pas, poursuivant la comparaison, dire qu'ici,
comme là, les acclamations de commande existent, et,
qu'auprès des manifestations sincères (car tous les régimes
politiques ont leurs fervents adeptes), il y a un enthou-
siasme artificiel ?
   Aussi, chaque réception officielle a-t-elle un caractère
particulier que les circonstances lui impriment.