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348 BIBLIOGRAPHIE tait le terrible fléau, que les notaires, dans la crainte d'un contact trop rapproché, se rendaient en bateau sur la Saône jusqu'au pied d'une ter- rasse d'où ils écoutaient et enregistraient les dernières volontés des pestiférés enfermés à l'Hôpital Saint-Laurent. M. l'abbé Sachet a repro- duit dans son ouvrage sur le Grand Jubilé (p. 118) le fragment d'une gravure ancienne représentant cet étrange spectacle. Lorsqu'en 1553 le fameux hérésiarque Michel Servet fit imprimer à Vienne en Dauphiné son célèbre ouvrage intitulé Chrislianismi Restitutio dans lequel on trouve au milieu de divagations étranges, décrit pour la première fois le mécanisme de la circulation du sang, les inquisiteurs ayant découvert les presses clandestines qui l'avaient imprimé, interro- gèrent Thomas de Straton, garçon imprimeur lyonnais, qui avoua avoir travaillé à la composition de ce livre sans savoir qu'il était hérétique puisqu'il n'en avait pas corrigé les épreuves. Il déclara en outre que le 13 janvier 1553, il en avait envoyé cinq balles à Pierre Messin, fondeur de caractères, demeurant à Lyon près de N . - D . de Confort. On se figure sans peine quelles longues mines durent faire Messieurs les Inquisiteurs. Ainsi cet ouvrage célèbre qui marque une ère nouvelle dans l'his- toire de la physiologie et de la médecine fut imprimé avec des carac- tères fabriqués à Lyon et par des ouvriers lyonnais. Une surprise hardiment conduite par le baron des Adrets en 1562, avait fait tomber notre ville au pouvoir des protestants qui l'avaient livrée au pillage, et démoli ou mutilé ses plus beaux monuments reli- gieux. En 1567, le gouverneur, M. de Birague, ayant été assez heureux pour prévenir une nouvelle tentative de ce genre, de graves mesures furent prises à l'égard des réformés soupçonnés,[non sans raisons, d'in- telligences avec l'ennemi. De ce nombre étaient plusieurs libraires. On visita leurs boutiques et magasins et les ouvrages hérétiques furent suivant l'expression de l'historien Claude de Rubys, livrés au bord de la Saône « en sacrifices à Vulcain ». Peut-être le fonds du sieur Fro- ment ou Fromenti (le premier de ces noms est bien genevois) disparut-il entièrement dans ces exécutions, puisqu'on ne trouve aucune trace des productions de ce libraire dont l'existence est pourtant mentionnée à Lyon à cette époque. Plusieurs actes curieux à consulter nous montrent quelles étaient les relations des libraires lyonnais avec les pays étrangers, notamment avec l'Allemagne, mais surtout avec l'Espagne. En 1595 Vivent Schlebue,