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A LYON AU XV e SIECLE 6$ fondé à le faire que ces estampes ont été exécutées avec un soin peu commun à cette époque. Leur auteur aurait été un tailleur qui travaillait pour Jean Trechsel. Pour avoir signé son oeuvre, il ne devait pas être un ouvrier vulgaire, mais nous n'avons pas trouvé dans les chartreaux de graveur auquel ces ini- tiales s'appliquassent. Un James Du Boys était graveur en tailles de bois; sa carrière a commencé en 1444 et a fini en 1480. On ne peut faire remonter à cette date le moine du Quadragesimah. Un cartier, « natif de Brèce près de Bourg », Jean Dale ou de Dalles, a travaillé à Lyon de 1485 à 1515. Serait-ce lui qui aurait illustré cet An moriendi anonyme? Nous ne sommes pas éloigné de le penser. Ce petit livre, sans indication de lieu, de nom, de date, imprimé avec des caractères mobiles provenant de divers maté- riels, sans lettrines, ne paraît pas sorti d'une imprimerie. Il a été d'ailleurs imprimé avec le frotion (31) du car- tier. Il est pour Lyon une oeuvre d'exception; le genre même de la taille le montre. Le cartier Jean Dale peut avoir été le graveur, l'im- primeur et l'éditeur; cela expliquerait sa signature et l'absence de colophon (32). Les graveurs sur bois lyonnais ont donné à leurs planches même à l'origine de leur métier un caractère particulier. Ils se sont sans doute inspirés en plus (31) Le frollon était un tampon de drap ou de crin dont le cartier se servait pour imprimer sur le moule. (32) Un exemplaire de cet Ars moriendi est au cabinet des Estampes de la Bibliothèque nationale (Ea, 7a, réserve); un autre appartient à M. Julien Baudrier. N» i. — Juillet 1895. 5