page suivante »
390 L'ABBÉ RAMBAUD naux, revendent des fruits ou des légumes, font de petits fagots pour allumer le feu. Comme il y a plus de veuves que de veufs, les femmes sont en plus grand nombre que les hommes. Elles sont, en général, des laveuses, des cou- turières, des devideuses, des gardes-malades, des gardeuses d'enfants, etc. Ceux qui ont un ménage ont deux pièces. Comment l'harmonie peut-elle se maintenir entre tout ce monde d'hommes et de femmes, semblables d'âge, mais divers de profession, d'habitude, de mœurs, de caractères, vivant à côté les uns des autres et porte à porte ? L'abbé Rambaud ne dissimule pas que, d'abord, il a pu avoir quelques appréhensions à cet égard, mais une expérience de près de quarante ans les a dissipées. Tous sont à un âge où l'affaiblissement des forces, les infirmités, rendent plus vif le sentiment de s'entr'aider les uns les autres. Dans l'intérêt de chacun, se développe et s'affermit le respect du droit et de l'indépendance d'autrui. Sans doute, il faut ajouter à l'influence de ces sentiments, la grande autorité morale du chef de la cité. En outre, des exercices, des distractions et des plaisirs en commun, la messe et les chants du dimanche, les promenades dans les cours sous l'ombre des platanes, l'entretien de jardins, de fleurs, les jeux de boules et autres, contribuent à former et à entrete- nir de bons rapports entre tous les habitants de cette grande maison. La cité a même certains jours de fête' où tous se réjouissent et fraternisent ensemble. Telle est surtout la fête de l'Epiphanie ou des rois. Les rois de cette fête sont les vieillards tous réunis dans un banquet qui a lieu dans la vaste salle dite du Dôme. Ce qu'il y a en ce jour de plus curieux et de plus touchant, ce n'est pas tant les convives eux-mêmes que ceux qui les servent, non