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 384                    L'ABBÈ RAMBAUD

 la conduite de l'abbé Rambaud. Toute la paroisse étonnée
 se demanda d'où lui venaient ces enfants
               qu'en son sein elle n'avait pas portés.

   Cependant, le nombre allant toujours croissant de ces
 enfants arrachés à l'abandon, à l'ignorance et au mal, il
fallut y pourvoir par de nouveaux sacrifices. Un terrain de
 13.000 mètres carrés, borné par quatre rues, fut loué à
long bail aux Hospices, rue Duguesclin, 15, à la Guillotière.
Là, sur un des côtés de ce grand quadrilatère furent élevées
d'abord des écoles pour filles et garçons, puis, plus tard les
logements pour les vieillards sur les trois autres côtés. Ces
logements donnent tous sur une vaste cour intérieure
plantée d'arbres, au milieu de laquelle a été construite une
belle chapelle gothique. La partie sur la rue est occupée par
des boutiques dont les locations sont une des ressources de
l'Å“uvre.
   Les écoles n'ont rien de luxueux et de monumental, mais
sont dans les meilleures conditions de salubrité.
   Avant de passer aux vieillards, disons quelque chose de
ces écoles où l'abbé Rambaud s'est montré non moins édu-
cateur que grand philanthrope. Sa méthode est de s'adresser
à la raison et à l'intelligence des enfants, plutôt qu'à leur
mémoire; il s'attache à faire bien comprendre plutôt qu'à
faire bien réciter. L'attention est tenue en éveil, la réflexion
est excitée par des questions fréquentes, suivant une sorte
de méthode socratique. Au lieu d'écarter certaines ques-
tions, celles-là même qui importent le plus pour la science
de la vie et le bon ordre social, sous le prétexte qu'elles
dépassent l'intelligence des enfants, l'abbé Rambaud a l'art
de les mettre à la portée de ses écoliers, soit dans l'ensei-
gnement oral, soit dans ses livres, par des tours ingénieux,