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322 ÉTUDE HISTORIQUE plusieurs autres chanoines, clercs et laïques, se rendit au château de Maleval et somma Guichard de Condrieu de rendre ledit château. Guichard répondit qu'il le lui rendrait volontiers et qu'il ne l'avait reçu de Guigues Dauphin, son seigneur, qu'à ces conditions. Aussitôt on ouvrit toutes les portes du château, Jean y entra et fit mettre sa bannière et celle de l'Église de Vienne sur la tour, après en avoir fait ôter toutes les autres. Cette formalité remplie, l'archevêque dîna avec sa compagnie dans une maison attenant au châ- teau, et, après dîner, il fit mettre sa bannière sur le château de Roche-Bleine (12"). Comme la fête de saint Mamert, archevêque de Vienne, tombait le lendemain, onzième mai, Jean s'arrêta dans le château de Maleval et célébra la fête dans l'église paroissiale de ce lieu. Ainsi il occupa le château deux jours de suite. » Cette manifestation montre jusqu'à l'évidence que l'Église de Vienne était suzeraine des dauphins, comme les dauphins étaient suzerains, dans ce cas, de Guichard de Condrieu. Au surplus, il faut se rappeler que depuis un siècle ou deux, la France avait commencé à être divisée en fiefs : c'était Charles le Chauve qui avait le plus contribué à établir cet usage. C'était alors une manie : toutes les charges étaient en quelque sorte en servitude hiérarchique. C'est-à - dire qu'à la suite des fiefs, il s'était créé des arrière-fiefs qui tous avec le temps étaient devenus héréditaires, et ainsi de suite, jusqu'aux petits seigneurs qui, à leur tour, investis- saient ceux qui leur convenaient à la charge d'une modique redevance. De sorte que tous ces fiefs, terres, qui étaient en général rendables, passaient de mains en mains, ne lais- sant que l'hommage, pour tout bien aux comtes et aux (12) Appelé aujourd'hui Rochelibet.