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306 LES GRAVEURS SUR BOIS ET LES IMPRIMEURS de fabrication de ces cartes est inconnu ( 3 1 ) ; la gra- vure, de travail français, est grossière (32). Des « faiseurs de lettres de molle » figurent aussi sur les rôles des tailles. C'étaient des fondeurs (proba- blement aussi graveurs) de lettres d'imprimerie (33). Nous pensons que l'industrie nouvelle de la gravure et de la fonte des caractères d'imprimerie a été introduite à Lyon vers 1485 ou à peu près. Auparavant les impri- meurs faisaient eux-mêmes ou faisaient faire 'chez eux leurs caractères, s'appliquant, comme on le lit à la fin du Catholicon de 1460, à obtenir « l'accord merveilleux dans les proportions et la grosseur des lettres au moyen de poinçons et de matrices (34). » Un des premiers fondeurs de lettres à Lyon fut Nicolas Wolf, Lupi ou Luppi (35), originaire de Lutter, (31) La ville de Lyon était le centre de fabrication le plus rap- proché. (32) Romain Merlin a publié la reproduction de ces moules si curieux dans son livre sur l'Origine des cartes à jouer. (33) On a dit que, dans les premiers temps, les orfèvres ont sculpté ou taillé en métal les caractères d'imprimerie. Le procédé de la gravure a suivi de très près celui de la sculpture. Un orfèvre d'Avignon, originaire de Prague, Procope Valdfoghel (Waldvogel, en allemand), s'était engagé, par contrat passé le 10 mars 1446 avec un juif, nommé Davin, de Caderousse, à graver sur le fer vingt-sept lettres hébraïques dites de forme (scissas in ferro), selon la science d'écrire artificiellement (juxta scientiam et practicam scri- bendi artificialiter) que Valdfoghel avait enseignée depuis deux ans à ce juif et à quatre autres personnes d'Avignon (l'abbé Requin, L'imprimerie à Avignon en 1444, 1890). Il ne nous a pas paru, au moins d'après les documents, qu'à Lyon, au XVe siècle, aucun orfèvre ait gravé et fondu des caractères d'imprimerie. (34) Mira... patronarum formarumque concoriiaproportione et modulo. (35) Wolf, en latin lupus (loup).