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                       SUR HENRI HIGNARD                            257

a reproduit cette aimable physionomie; mais ce portrait si
ressemblant est en même temps une œuvre d'art. Le peintre
y a mis toute son âme, et a su admirablement dégager les
traits caractéristiques de celui qu'il avait à cœur de faire
mieux connaître et mieux apprécier.
    Beaucoup de lettres, quelques-unes fort touchantes, lui
montrèrent qu'il y avait réussi : « Heureux, écrivait-il le
9 juin 1888, ceux qui laissent après eux un si affectueux
souvenir. Je doute fort que j'écrive plus tard autre chose :
J'ai bientôt soixante-dix ans, c'est l'âge du repos et du
silence. Ce petit écrit sera mon adieu. »
    Il devait cependant publier encore un volume, commencé
il est vrai, depuis plusieurs années. J'ai nommé les Esquisses
évangéliques.
    Ce livre apportait une nouvelle preuve de cette heureuse
variété d'aptitudes et de talents dont était doué M. Hignard
et qui rappelle le mot du P. Lacordaire à propos de Frédé-
ric Ozanam : « Il n'y avait pas de muse qui n'habitât en
lui. » Il avait pour l'art sous toutes ses formes cet enthou-
siasme qui donne à la vie ce bonheur d'illustre origine dont
parle si bien Mme de Staël. Nous l'avons vu, jeune norma-
lien, consacrer une bonne part de ses loisirs à la musique,
pour laquelle il conserva toujours un goût très vif et très
éclairé. Il était aussi un très délicat appréciateur des chefs-
 d'œuvre de la peinture; mais il disait : « La poésie est le
 plus beau des arts; elle les résume tous, harmonie, couleur,
 relief de la forme et des pensées, éloquence, en y ajoutant
 quelques chose de plus divin qui n'est qu'à elle (3). »



  (3) Compte rendu des travaux de l'Académie pendant Vannée ISJJ,    par
M. Hignard, président.