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SUR HENRI HIGNARD 245 la Vierge qu'ils invoquent, les marins grecs ont gardé à ces aimables divinités une place dans leur cœur. En 1874, M. Hignard présentait à l'Académie de Lyon un travail sur les Peintures antiques relatives au mythe de Daplmé, d'après M. Wolfgang Helbig. Ce savant archéologue allemand venait de cataloguer avec soin les peintures murales de Pompéi et d'Herculanum. Elles se rattachent à une époque où la poésie alexandrine jouissait d'une grande faveur. Elles sont donc importantes pour nous au point de vue littéraire, cette poésie ne nous étant connue que par un petit nombre de monuments. L'auteur le démontre par l'étude des peintures relatives au mythe de Daphné et d'Apollon. Il nous apparaît là avec des variantes et sous une forme que nous ne connaissions pas, et c'est évidem- ment aux poètes d'Alexandrie qu'il faut attribuer cette transformation de l'antique légende. Bien divers aussi sont les aspects sous lesquels se présente à nous le Mythe de Vénus, dont M. Hignard entretenait quelques années plus tard (1880) les lecteurs des Annales du musée Guimet. L'auteur, tout en trouvant spirituellement que cette vieille divinité est trop populaire, et que les arts et la littérature feraient bien de ne pas trop s'y attarder, nous raconte les origines et les transformations de ce culte venu d'Orient en Grèce, puis à Rome. Il est curieux de voir la sombre Astarté des Phéniciens devenant en Hellade la gracieuse et riante Aphrodite, représentation de la beauté idéale, descendant en droite ligne de la divinité. La Grèce la fit connnaître à Rome, où elle prit tout à coup une grande importance et où son culte se greffa, sous le nom de Vénus, sur celui d'une divinité indigène très connue et très honorée. Elle n'exerça que trop d'empire sur les ima- ginations et sur les mœurs, et Pompéi lui était particuliè-