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SUR HENRI HIGNARD 243
C'était, avons-nous dit, pour les Grecs, le livre sacré où
ils cherchaient l'origine des hommes et des choses et les
antiques traditions religieuses de leur race. Dans ce poème,
qui doit être à peu près contemporain de Salomon,
M. Hignard trouve des ressemblances assez frappantes, au
milieu de graves différences, avec la Genèse biblique. Il
semble que l'on y trouve l'écho d'une vérité ou transmise
ou devinée. Il est difficile de ne pas être de son avis, quand
on a lu le travail qu'il présenta en 1879 à l'Académie de
Lyon, et qui est consigné dans les Mémoires de cette com-
pagnie, sous ce titre : Quelques idées sur la Théogonie d'Hésiode.
Des savants qui ne partageaient pas les convictions reli-
gieuses de M. Hignard furent frappés de ces rapproche-
ments. Il est impossible d'entrer ici dans le détail; mais
je ne résiste pas au désir de citer quelques lignes de la
conclusion de cette brochure :
« Qui pourrait méconnaître l'intérêt et l'importance des
études mythologiques ainsi comprises? Où l'on ne voyait
au premier abord qu'un ramassis de contes ridicules, nous
retrouvons de précieux débris de la sagesse antique ;
l'erreur n'est que l'enveloppe, au fond est la vérité. Sans
interprétation subtile, il nous est permis parfois d'y recon-
naître, non seulement les plus anciens souvenirs du genre
humain, mais encore des vérités que l'esprit de l'homme
n'aurait pu deviner, et qui remontent, par conséquent,
jusqu'à cet enseignement divin qu'il a reçu à plusieurs
reprises. »
Dans une savante et intéressante étude sur le Mythe d'Io
que M. Hignard avait présentée à l'Institut (Académie des
Inscriptions), quelques années auparavant, en 1872, il
avait été amené à faire une remarque du même genre. Io
est à la fois vierge et mère. D'elle et d'elle seule, sans la