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232           UNE PAGE DE LA VIE LYONNAISE

vient à la tirer des griffes de ces faiseurs de tours, la met
à l'école puis en apprentissage. Quand elle quittera Lyon,
elle chargera sa belle-sœur, Mme Delphin, de veiller sur sa
petite Marianne. Quelques années plus tard la pauvre
enfant, instruite des vérités de la religion, se fera catho-
lique et entrera comme sœur dans la communauté du
Refuge de Saint-Michel, où elle mourra jeune encore, en
bénissant le nom de sa bienfaitrice.
   Cette bonne œuvre n'est pas un fait isolé dans la vie de
Mme Récamier. En suivant sa correspondance, on trouve à
chaque page la trace du bien qu'elle a fait, et il est toujours
marqué du même sceau. Ce n'est pas l'aumône froide et
métallique qu'elle met dans la main du pauvre ; c'est son
cœur, c'est son esprit qu'elle donne. Elle emploie tous les
moyens d'influence, qui s'attachent à une grande existence,
pour secourir les infortunes et protéger les gens sans
appui ; grâce aux ressources qu'elle peut réunir en quêtant
auprès de ses amis, auxquels toujours elle prêche d'exemple,
elle arrive à fonder une école de jeunes filles; quand sa
sollicitude s'adresse à des misères isolées, elle paye des
leçons d'écriture, de lecture, met les enfants en apprentis-
sage et les suit avec fidélité jusqu'à leur établissement.
« Elle était ange en beaucoup de choses, » comme lui
disait Ballanche « et femme en quelques-unes. » Mais,
pour faire la charité, l'ange et la femme se donnaient la
main.


   Malgré les œuvres de bienfaisance, les relations de société
et le doux commerce de l'amitié, les heures semblaient
souvent bien longues et bien tristes à l'exilée dans sa
chambre d'hôtel. Elle avait pourtant le don de répandre
autour d'elle je ne sais quels parfums de poésie et d'élé-