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                             LA ROSE                         I97

                     Entends-tu, la belle,
                     C'est moi qui t'appelle,
                     Je marche escorté
                     De la volupté,
                     Je suis le plaisir.

   Comment Colombine résisterait-elle ? Aussi ne résiste-
t-ellepas; elle cède à l'invitation pressante d'Arlequin et
s'enfuit après avoir écrit sur la porte du logis de Pierrot :
« C'est si vite envolé un papillon. Colombine. »
   Mais si elle ne peut résister à l'attrait du plaisir, Pierrot
ne peut résister à la tristesse de sa perte. Il se pend de
désespoir avec la corde de sa guitare. — Fort heureusement
qu'arrivent à propos et Polichinelle pour couper la corde et
Djeïmina la bohémienne pour le ressusciter en lui disant :
            Mourir, et d'où te vient semblable fantaisie?
            Pierrot est immortel comme la poésie.
   Elle ressuscite en même temps la rose, la fleur de l'idéal
que Pierrot avait sacrifiée pour Colombine.
   Tel est le dénouement de ce conte lyrique, qui, je le
répète, n'est point banal, qui a des passages vraiment remar-
quables et dénote en M. Maurice Richard un poète de
talent et d'avenir, à l'imagination féconde et pondérée, à
l'esprit alerte, souple et pénétrant.
   Peut-être au point de vue de la forme M. Maurice
Richard sacrifie-t-il trop souvent le vers classique pour
adopter la versification à l'enjambement libre qui désarti-
cule le vers, en détruit l'harmonie et n'en fait qu'une prose
poétique. Il lui serait utile d'apprendre, comme le grand
Racine, à faire difficilement des vers faciles.

                                      J.-M.     LENTILLON.