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                        SUR HENRI IIIGN'ARD                        I47

 et sans commentaire, mais toute vibrante d'une émotion
 contenue.
    « Pour moi, écrivait-il dès 1846 (3), je tiens que cette
 étude directe et immédiate des ouvrages d'art est la meil-
 leure manière de les juger. Jugeons toujours par nous-
 mêmes selon le peu de lumière que Dieu nous a donnée,
 et que l'opinion d'autrui ne nous guide jamais. En fait d'art
tout doit être personnel, l'autorité est de nul usage... Vou-
lons-nous faire notre éducation de lettré ou d'artiste, il n'y
a qu'un moyen : mettons-nous directement en contact
avec les grands maîtres; ouvrons Virgile, allons nous placer
au Louvre devant la Vierge au linge. » — J'abrège à regret
 cette page remarquable, que je suis heureux de signaler en
passant.
    Mais, chargé, comme il le dit (4), de commenter à ses
élèves cette belle maxime de Fénelon : « L'homme digne
d'être écouté est celui qui ne se sert de la parole que pour
la pensée et de la pensée que pour la vérité et la vertu »,
ce que le maître voulait avant tout (et ici j'emprunte encore
ses paroles) c'était « élever l'âme des jeunes gens par les
grandes pensées de ces hommes de génie ; éveiller en eux
cette étincelle divine dont Mm= de Staël disait qu'il ne faut
jamais se lasser de l'exciter en soi-même et de la ranimer
dans les autres. »
    « Nous croyons que cette éducation est la plus féconde »,
disait-il encore dans le discours dont nous extrayons ces
lignes ; et il montrait que les grands siècles dont l'histoire
du monde s'honore ont été profondément spiritualistes;


   (3) Un tableau de Murilio : Moïse frappant le rocher. C'est par cet
article que M. Hignard débuta dans la Revue du Lyonnais.
   (4) Discours prononcé à la Distribution des prix en 1860.