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SUR HENRI HIGNARD I45 nombre d'entre eux aient conservé de lui un souvenir impé- rissable ; que plusieurs (je parle de ceux qui suivaient ses cours comme externes) mettent leur année de rhétorique au nombre des plus belles de leur vie ? Ce secret, il nous l'a dit lui-même au début de sa Notice sur G. A. Heinrich : « L'élève s'attacha à son maître, le travail en profita, les progrès furent rapides. » M. Hignard estimait par dessus tout, dans les élèves con- fiés à ses soins, les qualités du cœur. Il croyait avec le P. Gratry que l'esprit grandit quand il faut chaud dans Tâme. Il aimait à citer cette parole de Vauvenargues : « On doit se consoler de n'avoir pas les grands talents, comme on se console de n'avoir pas les grandes places. On peut être au dessus de l'un et de l'autre par le cœur. » — Aussi, quand il se trouvait en face d'une nature accessible par ce côté, laissait-il deviner une sympathie qui ne tardait pas à attirer et à gagner celui qui en était l'objet. Le travail en profitait. Le professeur encourageait et excitait à de nouveaux progrès, en constatant les résultats acquis. Il s'intéressait du reste à tous ses élèves. Chez tous, il cherchait à éveiller l'ardeur au travail par ces considérations qu'il développe si bien dans son Discours à la distribution des prix de 1856. Il comptait là -dessus, plus que sur les punitions, pour imprimer à sa classe l'élan nécessaire. Il croyait qu'il valait mieux faire appel à l'amour-propre et au sentiment du devoir qu'à la crainte, et aimait à traiter ses jeunes rhétoriciens en hommes plutôt qu'en enfants. Il n'en tenait pas moins à ce que rien ne vînt troubler l'ordre par- fait de ses cours, et il y parvenait sans peine grâce à l'ascen- dant de son savoir et de son mérite. Ses leçons étaient fort intéressantes et animées. L'éléva- tion et la distinction de son enseignement, que M. Alphonse M" 3. — Mars 189;. II