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                     SUR HENRI HIGNARD                     I39

Lyon le même enseignement philosophique ; leurs âmes
habitaient les mêmes régions et se réunissaient dans un
commun amour de l'étude et du bien. Henri Hignard fut
l'auxiliaire dévoué d'Ozanam dans la Société de Saint-Vin-
cent de Paul, que ce dernier avait fondée quelques années
auparavant et contribua, pour sa part, au développement
de l'œuvre à Paris.
   Il voyait aussi assez fréquemment M. Louis Veuillot et
se lia avec lui, malgré les contrastes qui semblaient devoir
séparer ces deux natures. Mais le jeune normalien était
attiré par la sincérité et le grand talent de celui qui allait
devenir un si ardent polémiste. Le désir de lui être utile
acheva le rapprochement. Il avait manqué à cette brillante
intelligence la forte discipline des études classiques.
M. Hignard se fit, les jour de sortie, son professeur béné-
vole et l'initia aux éléments de la langue et de la littérature
latine.
   Toutes ces relations, tous ces travaux ne faisaient pas
oublier à Henri Hignard sa ville natale et ses parents tendre-
ment aimés, auprès desquels il venait jouir, pendant les
vacances, d'un repos bien mérité. Il leur écrivait fréquem-
ment, et dernièrement la main pieuse qui dépouillait ses
papiers, mettait au jour des lettres datées de l'École Nor-
male et adressées à son père, à sa mère, à son jeune frère.
Il y donne à ce dernier les plus sages conseils. Toutes ces
lettres révèlent une maturité précoce, des sentiments reli-
gieux solidement affermis et déjà toutes les qualités de
cœur et d'esprit de l'homme que nous avons connu et aimé.
   En 1842, Henri Hignard, licencié depuis 1840, subit
avec un grand succès les épreuves de l'agrégation des
lettres. Il avait quitté un an auparavant l'École Normale et
professait au collège de Saint-Étienne depuis la rentrée de
1841.