page suivante »
SUR HENRI HIGNARD 137 la vie. » Souvent, a-t-il raconté, il sortait de ces cours tellement frappé des hautes solutions auxquelles ce grand excitateur d'esprit avait amené ses élèves par des interro- gations successives, qu'il arrivait au domicile paternel sans s'apercevoir de la distance parcourue. Il conçut pour le maître, dont il devait quelques années plus tard devenir le collègue et l'ami, la plus affectueuse vénération et leurs relations durèrent autant que la vie de M. Noirot. Henri Hignard eut la sagesse de suivre ses conseils à ce moment si difficile où il s'agit de choisir une carrière, où une erreur de direction peut faire le malheur et la stérilité de toute une vie. En 1838, il se présenta et fut admis à l'Ecole Normale supérieure. Il fui du nombre de ceux qui y apportaient et y conservèrent une foi ferme et lucide. Aimable et sympathique, il n'eut pas de peine à faire accepter et respecter de tous ses condisciples ses convic- tions et sa pratique religieuse. Sa nature si distinguée s'affina encore dans ce milieu composé, alors comme aujourd'hui, déjeunes gens très intelligents et très cultivés, sous l'influence de professeurs tels que MM. Adolphe Garnier, Henri Wallon, Nisard, Havet, Egger. Il conçut pour ces deux derniers un profond attachement, qui devint bientôt réciproque et ne se démentit jamais. Parmi les camarades de M. Hignard, citons M. Despois, connu par de savants travaux et notamment par son édition de Molière,, deux futurs membres de l'Institut, MM Cons- tant Martha et Charles Lévêque, enfin Pierre Olivaint qui quitta plus tard l'Université pour la Compagnie de Jésus et mourut pendant la Commune sous les balles des .insur- gés. C'est à sa mémoire que sont dédiées les Esquisses évangéliques. Dans une très intéressante lettre qu'on a bien voulu me