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I36                 NOTICE BIOGRAPHIQUE

raie et n'aurait pas songé à le pousser très loin dans ses
études, si le jeune écolier n'avait étonné ses premiers maîtres
par ses rares aptitudes et ses progrès rapides. On fit com-
prendre au père qu'il manquerait à son devoir s'il ne favo-
risait pas ces heureuses dispositions, et le 5 mai 1829
l'enfant fut inscrit comme élève interne au Lycée appelé
alors collège royal.
   Jean Hignard .n'en continua pas moins à veiller sur lui
avec la plus tendre sollicitude, passant fréquemment avec
lui le temps des récréations, faisant avec lui, les jours de
sortie, de grandes courses à la campagne. Son fils, qui
garda toujours de lui le souvenir le plus affectueux et le
plus reconnaissant, aimait à lui attribuer même une sorte
de paternité intellectuelle. « C'est mon pauvre père, écri-
vait-il il y a peu d'années, qui m'a donné le goût de la
littérature : il avait beaucoup lu, beaucoup retenu et me
récitait avec feu des tirades de Corneille, qui enflammaient
mon imagination de douze ans. »
    Henri Hignard suivit avec grand succès toute la série des
études littéraires, jusqu'à la rhétorique inclusivement. A ce
moment, il put jouir davantage de la vie de famille, car ce
fut comme externe qu'il entra dans la classe de philosophie.
Notre lycée avait alors le bonheur de posséder pour cet
enseignement un incomparable professeur. Tout a été dit
sur M. l'abbé Noirot, ce penseur si profond et si modeste,
auquel le P. Lacordaire, un des premiers, a rendu, dans la
Vie d'Ozanam, un éloquent hommage. C'était un vrai
maître, un de ces esprits puissants et rares qui marquent
d'une empreinte indélébile l'âme qu'ils ont touchée.
    M. Hignard avait joui deux ans de son enseignement. Il
en avait gardé le plus ineffaçable souvenir. « Une bonne
philosophie, disait-il plus tard, donne des ancres pour toute