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I32 UNE PAGE DE LA VIE LYONNAISE distance. Vous étiez mêlée à toutes nos dernières paroles. Elle me fit promettre de ne point vous dire sa cruelle étour- derie; mais le moyen de vous la taire ! — Nous l'avions, avec beaucoup de peine enfin, persuadée de prendre un domestique, je lui en avais trouvé un excellent, lorsqu'elle s'arrange avec un jeune cousin pour l'emmener dans sa voiture. — Cela me parut mieux encore ; mais qu'arriva-il ? A l'heure dite, cet absurde cousin change de projet. Je veux faire suspendre le départ pour recourir au domestique ; elle ne veut pas, elle s'entête follement pour aller seule et la voilà sur les grands chemins. J'en ai été désolé, mais cepen- dant je vous l'avoue, mon inquiétude n'égale point la vôtre, pensant qu'elle ne voyage point la nuit, qu'elle s'arrête à moitié chemin, que les routes sont fréquentées et sûres, et combien à l'aspect de ce doux visage tout se tourne en obligeance et s'émeut pour la servir. « Nous ne l'avons eue comme vous voyez que trois jours... J'ai reconnu avec joie combien votre mutuelle amitié s'était en effet renouvelée et ennoblie, combien son âme était devenue plus sérieuse, plus religieuse, plus aimante, et je ne sais quel charme touchant m'a paru ajouté à tous ses anciens charmes. Je vous plains de perdre sa présence, mais je vous félicite d'avoir conquis et créé une telle affection. — Sa santé aussi m'a consolé, tout l'annonce meilleure et c'était un doux spectacle, après une journée où nous l'avions fort fatiguée à visiter nos cam- pagnes, de la voir le soir, chez lady Webb, danser une gavotte avec son ancienne légèreté et grâce. — Elle fit malheureusement le lendemain une visite d'hospices qui lui causa des émotions trop fortes, elle dormit très peu la nuit du départ. Elle était donc assez mal préparée au