Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
[ Revenir aux résultats de la recherche ]
page suivante »
                     SOUS LE PREMIER EMPIRE                       117

son sang qui coule dans mes veines ne l'emportaient pas
sur cette faiblesse (4). »

   Cette terreur de l'exil qui déjà l'obsédait, lorsque, seule
encore elle avait à en supporter tout le poids, ira toujours
grandissant et parviendra jusqu'à son faîte, lorsque, après en
avoir connu toutes les amertumes pour elle-même et durant
huit années, elle verra la contagion de la prescription
s'étendre à ses amis :

    « Je suis l'Oreste de l'exil, s'écriera-t-elle alors, la fata-
lité me poursuit ! »

  Cette pensée amère n'avait pourtant pas encore effleuré
son esprit quand, le 5 mai 1806, elle écrivait de Lyon à
Mme Récamier :

   « Me voici, chère amie, dans un lieu qui est une patrie
pour vous et où l'on désire vivement de vous voir (5). Je
m'y suis acquise une sorte de considération, tout à fait
étrangère à moi, en faisant espérer votre passage.
   « Camille (6) vous désire avec un sentiment très vif, et
parle de vous comme moi; je me vante qu'on ne saurait
mieux dire.
   « Vous avez Corinne à présent ; dites-moi ce que vous
en pensez, dites-moi ce que vous en entendez dire littérai-
rement, et si du côté du gouvernement il ne vous revient


  (4) Coppet et Weimar, p. 24.
  (5) Coppet et Weimar, p. 77.
  (6) Il s'agit de Camille Jordan, un Lyonnais célèbre, un des membres
du Conseil des Cinq-Cents, un des fidèles de M m e Récamier.