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94                     LE PORTEFEUILLE

rit et fait rire des pauvres diables. Telle est l'histoire de
toute sa vie. »
    L'hôpital reçut son dernier souffle, mais le père Thomas
n'est pas mort tout entier. Il avait une fille qui épousa son
ami et collaborateur Mourguet, le créateur du théâtre
lyonnais de Guignol; sa petite fille Rosalie épousa Louis
Josserand qui fut lui-même le beau père de Victor-Napoléon
Vuillerme, dynastie célèbre dans l'histoire du théâtre de
Guignol ( i ) . Or une vignette signée de Jacquand, placée
en tête de la biographie de Léon Boitel, représente le père
Thomas sous des traits et dans un costume où les habitués
du caveau de la place des Célestins et du café de la rue
Port-du-Temple ont dû reconnaître sans peine la bonne
grosse figure grimaçante et le fameux chapeau de l'ami
Gnafron. Et si l'estampe de Jacquand rappelle la marion-
nette qui nous a tant fait rire, la ressemblance est encore
plus frappante dans le portrait que la plume de Léon Boitel
a tracé du père Thomas dans sa première manière : « Vous
le connaissez... tout le monde le connaît à Lyon; c'est
l'homme du terroir, le premier comédien de nos premières
années. Autrefois, il avait un théâtre aux Brotteaux, il y
jouait ses pièces à lui, car il est auteur et acteur, le père
Thomas. C'est le Molière des ouvriers et des cuisinières»
des conscrits et des bonnes d'enfants. Il représente le
peuple à lui tout seul, il le résume en sa personne. Comme
il l'a étudié, le peuple, comme il nous le rend avec son
langage et son allure, avec ses misères si profondes et si
nombreuses, et ses joies si vives et si courtes 1 II nous le
montre au cabaret, oubliant tout, créanciers et termes à



  (i) Onofrio, Le théâtre de Guignol, Introduction.