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                       DE « PAUCA PAUCIS »                        477
l'antique césure a démontré à M. Tisseur, que beaucoup
de vers reçoivent une double césure ; le vers peut se diviser
alors en trois parties égales ou inégales ; il peut notamment
se présenter plus particulièrement sous trois types :
   Ou bien 3 -f- 5 + 4 ; ou bien 4 + 4 + 4> ou enfin
3 + 6 + 3-
   En ce qui concerne le premier type (3 + 5 + 4),
M. Tisseur est d'avis de s'en écarter, voici pourquoi :
c'est qu'un tel vers n'ayant pas de syllable forte à la mé-
diane, détonne parmi les autres.
   Témoin ce vers de Banville :

         Courant éperduement dans les vertes campagnes
         De la Thrace | avec les Naïa | des ses compagnes.

   Il en serait autrement peut-être, si le poème était com-
posé tout entier dans le même rythme.
   Le deuxième type (4 + 4 4 - 4), semble à M. Tisseur,
très musical. De fait, le balancement syllabique trois fois
répété, produit une sorte de cadence douce rappelant celle du
décasyllabe, bâti sur le modèle de l'hendécasyllabe italien
ou espagnol ; mais notre poète reconnaît qu'il est difficile
à traiter et que le rythme ne se prête à aucun développe-
ment, « enserré qu'est le poète dans ses petites tran-
ches "(19). Un plus grave inconvénient, c'est que l'oreille,
accoutumée au 6 + 6 (même dans le vers romantique),
est rebelle à la cadence différente qu'on lui impose, et
que la voix s'arrête quand même sur la sixième syllabe.
M. Tisseur s'est dit que puisque vers 1280, un poème
didactique, intitulé la Chirurgie de Raimon, fut écrit en



  (19) Modestes observations, p . 87.
 N° 6, — Juin 1894.                                          J2