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LA 474 DEUXIÈME ÉDITION même à six. Au xne siècle, la Geste de Gérard de Rossillon est en 6 -\- 4. On revint au xive et au xve siècles à la césure à quatre, comme on peut s'en convaincre en feuilletant les œuvres d'Alain Chartier, Christine de Pisan, Charles d'Orléans, Ronsard le choisit quand il projeta d'écrire sa Franciade. Le Dante et l'Arioste s'en servirent. Ce mètre fut en honneur pendant la Renaissance et les siècles suivants jusqu'à Vol- taire qui césure quelquefois à six. Le décasyllabe était le vers épique par excellence. La chanson de Rolland est toute entière écrite dans ce rythme. Actuellement le 4 + 6 est bien délaissé. M. Tisseur voudrait qu'à l'imitation des Italiens, l'on pût mêler le déca- syllabe 6 + 4 ou 4 -|- 4 -}- 2, accentuant indifféremment sur la quatrième et la sixième syllabe, sans nuire le moins du monde à la force expressive. Exemple : KLEOPHAS La ville est assoupie | et le rayon, Vibrant sous l'arc du fils | d'Hypérion, Fait des frontons | irradier | les marbres. Sous la noire splendeur | d'augustes arbres, Paré de fleurs | divines, un | autel Fume encore en l'honneur | d'un immortel. Au pied, parmi le baume | et l'amaranthe, Une source frigide, murmurante, S'échappe et dans les eaux | du bassin clair, On voit glisser | la nue errant dans l'air. Au loin la mer ] et ses rides sans nombre, Les Alcyons plongeant | en fol essaim, La voile, enflée ainsi | qu'un jeune sein, Qui sort, tout blanc | d'un péplos au bleu sombre. Cluels délicieux vers !