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344               L'INDUSTRIE DE LA SOIE

même temps de dessins élégants et d'un frais coloris.
Elles ont le bénéfice des dernières inspirations de la mode.
Une teinture savante, le dessin, l'impression et les apprêts
ont permis d'obtenir à peu de frais les apparences si
recherchées de la nouveauté et presque du luxe. Il y a de
ces étoffes qui sont fort séduisantes. D'une idée ancienne
on a fait une idée neuve par une mise en œuvre très
intelligente de tous les moyens d'exécution. Mécani-
ciens, filateurs, teinturiers, imprimeurs, apprêteurs, tous
étaient préparés à une telle tâche et assez habiles pour en
assurer le succès. Cette création est d'hier : elle a fait
naître à Lyon un mouvement d'affaires de plus de
50 millions.
    La science et l'art, les seules forces souveraines, sont
un fonds commun dans lequel chaque peuple puise libre-
ment. Les Lyonnais ont su, autant et peut-être plus
qu'aucun autre peuple, mettre à profit les enseigne-
ments de l'un et de l'autre. Ils savaient que la science est,
suivant la parole de Montaigne, « un outil de merveilleux
service. » On l'a vu pour la mécanique du tissage et
pour les transformations de la teinture. On l'a vu aussi,
pour la composition et le dessin, par le puissant mou-
vement qui s'est produit au xvn e et au xvme siècle. De
la fabrique de Lyon il est sorti alors des soieries qui
étaient des chefs-d'œuvre. Dans ce siècle-ci, avec une
société transformée, avec une condition sociale plus
d'une fois troublée, avec une succession de crises, de
guerres, de révolutions, de concurrences, la décoration de
l'étoffe devait perdre de sa grandeur; elle a encore un
rare attrait. Mais, en la comparant à nos propres œuvres
dans le passé, nous déplorons son affaiblissement. Quand
on tient compte du goût de ce temps-ci et des produc-