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EN FRANCE 343 D'autres changements, ceux-ci d'un autre genre, ont eu lieu dans notre siècle. Ils ont été la conséquence de l'état social nouveau, du plus grand esprit d'entreprise de notre commerce sous le régime des traités de commerce, de la révolution dans la façon de se vêtir. La soie a été plus souvent remplacée par le fil de bourre de soie, plus souvent et en plus grande proportion associée à la laine, au lin ou au coton. Nous avons suivi en ce dernier point les Allemands. L'industrie allemande, comme le constatait en 1844 u n homme qui avait à la fois une rare droiture de jugement et une expérience acquise à la meilleure école, Ch. Legentil, l'industrie allemande « se propose pour but de produire beaucoup et à bon marché ; elle vise plus à l'économie qu'au fini, qu'à , la qualité et à l'élégance du produit... Dans le travail de la soie, l'habitude des mélanges, si familière aux Allemands, se reproduit en mille applications ». La fabri- cation des étoffes de soie mélangée, qui était en 1840 de 23 millions de francs, s'est élevée en 1893 ^ I 5 I millions, représentant non plus 9 pour 100, mais 40 pour 100 de la production lyonnaise. Industrie très vivante, très hardie, dans laquelle les initiatives, les créations, l'intelligence et l'adresse technique ne sont pas moindres que pour les autres branches de la manufacture. Une autre industrie devait compléter l'œuvre de démocratisation de l'étoffe de soie, et celle-là , issue d'un sentiment fort juste des besoins nouveaux, peut être regardée comme tout à fait neuve. C'est l'industrie du teint en pièce. Le tissu fabriqué avec des fils écrus (soies, fils de schappe, de coton), est teint après le tissage. On est arrivé à atteindre avec les étoffes de ce type, toutes avec mélange de coton, les dernières limites du bon marché; on les a revêtues en