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338                L'INDUSTRIE DE LA SOIE

qui furent aussi en ce temps-là très diverses. On se
rappellera que, sous Louis XV, par exemple, les femmes
prirent la fantaisie de ne « s'habiller autrement qu'avec
de la mousseline et de la toile. » Et un homme d'Etat
napolitain, ami de Diderot et de d'Alembert, le marquis
Caraccioli, écrivait en 1770 : « On ne voit plus les
femmes qu'en déshabillé toujours en blanc, en hiver
comme en esté, et cette mesquine monotonie ne
ressemble en rien à la véritable parure... C'est un
délire qui ne peut pas toujours durer ( 1 0 ) . »
   Ce délire ne dura pas longtemps en effet. Vers la
fin du xvm e siècle, les soieries étaient en pleine vogue.
La Grande Fabrique était dans tout son éclat; elle sur-
passait les autres manufactures par l'habileté de ses
chefs d'industrie et de ses ouvriers et par une origi-
nalité de style qui était en quelque sorte Indépendante
de l'art de cette époque, quelque charmant qu'il ait
été. Elle réunit à cette époque toutes les supériorités,
pour le métier, la science de la tissure, la teinture,
pour la composition décorative, le dessin et le coloris.
Philippe de La Salle en a laissé dans ses ouvrages
l'expression la plus haute. Les esprits pénétrants ne se
laissaient pas décevoir toutefois par le spectacle de ces
élégances exquises. Ils avaient le sentiment que le
temps n'était pas éloigné où il faudrait réduire encore
davantage le coût de cet art raffiné. Nous en avons
recueilli plus d'un témoignage, et Roland de la Platière
qui devait être deux fois ministre en 1791, écrivait
en 1785 (il était alors inspecteur des manufactures) :



  (10) Voyage de la Raison.