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                  ET LA BATAILLE DE BRIGNAIS                      269

ne devienne ainsi tout à fait méconnaissable. Comme
autrefois, le sol renferme toujours une quantité considé-
rable de cailloux et tout porte à croire que les soldats des
Compagnies (c'étaient, dit Froissart, les moins bien armés
qu'on avait mis en avant), s'en servirent contre les cheva-
liers de l'armée royale. Ce tertre domine complètement
la plaine qui s'incline en pente douce et l'on a directement
devant les yeux le clocher de Brignais, situé à environ
deux kilomètres plus bas. En arrière, la pente est assez
abrupte et dans la dépression qu'elle cache, toute une
armée pouvait prendre place sans être vue de la plaine.
A gauche et en arrière, unesorte de ravin de quelques mètres
de profondeur, permettait de le contourner aisément et le
séparait d'autres élévations de terrain qui certainement à
cette époque devaient être également couvertes d'arbres
et d'épais taillis.
   Ces hauteurs, qu'avait très bien reconnues Denis Sauvage
et qui se continuent dans la direction d'Irigny, se dressent
comme je l'ai dit plus haut au-devant de Brignais du côté
de l'est, à une demi-lieue avant d'arriver au village situé
beaucoup plus bas dans la plaine, qui s'abaisse graduelle-
ment jusqu'aux "premières maisons. C'est évidemment par
le ravin du côté gauche que déboucha le second corps
d'armée des Tard-Venus pour la manoeuvre décisive.
   Au seul bois Goyet peut convenir cette expression de
« tertre » que Froissart met dans la bouche des éclaireurs
de l'armée royale et que Paradin a bien soin de con-
server (17). Un historien du xvne siècle, pour l'ordinaire

  (17) Froissart, loc. cit., édition de Siméon Luce, page 261. Variante
du manuscrit d'Amiens.
  G. Paradin. Mémoires de l'Histoire de Lyon. Lyon, 1573, in-f°, chez
Sébastien Gryphe. Livre II, chap. LXXXI, p. 216, ligne 6.