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ET LA BATAILLE DE BRIGNAIS 263 aqueducs de Brignais et en firent plus de deux mille char- retées de pierres pour en accabler les soldats de l'armée de Jacques de Bourbon, — car ces Tard-Venus assez mal armés s'étaient portés sur une hauteur d'où ils pouvaient facilement à coups de pierres se défendre (12). » De cette dernière citation il résulte clairement pour nous que le savant Jésuite n'avait probablement jamais visité les lieux dont il parle, car il y a une distance d'environ cinq kilomètres des aqueducs aux Barolles et de plus ces hau- teurs étant, comme nous le verrons plus loin, d'un accès difficile, il eût fallu transporter ces deux mille charretées de pierres à dos d'homme, ce qui est parfaitement inad- missible. Au reste, cette précaution eût été absolument inutile, car, ainsi que nous le dit très bien Froissart, les cailloux étaient alors comme aujourd'hui très abondants sur toutes ces collines où ils font le désespoir des cultiva- teurs et les Routiers n'avaient qu'à se baisser pour s'en procurer en quantité suffisante pour cribler les assaillants d'une véritable grêle de projectiles. M. Allut est tout aussi sévère que le Père Ménestrier à l'égard de Denis Sauvage. Ce bonhomme, qui s'entendait mieux, dit-il, à éplucher et à gâter le vieux français de Frois- sart qu'à décrire des fortifications de campagne fut frappé de l'existence de prétendus restes de fossés et il ne lui en fallut pas davantage pour reconnaître dans cette position du Montrond le lieu occupé par les Compagnies pendant la bataille. Il ne peut admettre qu'une armée de douze mille hommes ait pu prendre place sur un si petit espace et cet (12) Le P. Ménestrier. Histoire civile ou consulaire de la ville de Lyon. Lyon, MDCXCVI, chez Jean-Baptiste et Nicolas de Ville, in-folio, p. 49°"9 l -