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222             L'INDUSTRIE DE LA SOIE

impossible de répondre à une telle question, tant il est
difficile de suivre les matières textiles en toutes leurs
transformations : tel produit au dernier degré d'élabo-
ration étant le résultat de plusieurs transformations ou
manufactures successives, et le produit de plus d'une
de ces manufactures intermédiaires trouvant quelquefois
son emploi à titre définitif. Cette production, on l'a
estimée à trois milliards, on a même dit à plus de trois
milliards de francs. Cela n'est pas improbable ; peu
importe toutefois la correction à apporter à ce chiffre.
On a par cette évaluation incertaine une sorte de mesure
de la grandeur de l'industrie, et ce qui nous confirme dans
le sentiment instinctif que nous avons de la puissance de
ces fabriques, c'est que l'exportation de leurs produits
est certainement de plus d'un milliard.
    Ces ateliers sont disséminés par tout le pays ; ils
forment le plus souvent des groupements distincts et
indépendants, comme si, dans chaque cantonnement, la
population avait des aptitudes particulières. En fait,
l'activité manufacturière est entretenue, de ce chef dans
nos diverses régions. Une seule industrie fait exception,
celle de la soie, et c'est celle qui nous intéresse le
plus.
    L'industrie de la soie présente deux branches dis-
tinctes, l'une et l'autre bien définies, qui ont pour objet,
la première, la production, la seconde, le tissage de la
 soie. Elles sont pour ainsi dire concentrées dans ce
 territoire du sud-est qui a formé, il y a dix siècles,
 d'ailleurs pendant peu de temps, sous le nom de Royaume
 d'Arles, une unité non pas ethnique, mais artificielle et
 politique. C'était ce vaste triangle, fermé à l'est et à
 l'ouest par des montagnes, au midi par la mer, qui avait