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                     SA VIE ET SES Å’UVRES                        215

d'Anthon, en Dauphiné. Que de fois, Morel de Voleine a
conté à ses amis les plaisanteries, les farces originales de
Charles-Jean de Combles et l'histoire de l'homme qui
devait traverser la Seine à pied sec, en sabots élastiques !
Les Parisiens et la famille royale, elle-même, furent dupes
de cette ingénieuse mystification. Une gravure exécutée
par Sellier en 1784, représentant la merveille, fut distri-
buée de la part de M. de Combles, magistrat de Lyon, inven-
teur (4), aux souscripteurs qui s'empressèrent de verser
leur argent. Le jour de l'expérience approchant, il fallut
bien détromper les naïfs. Le roi en rit beaucoup, et le
produit de la souscription fut abandonné aux pauvres.
   La Société de Bellecour a ri longtemps du célèbre dîner
dont les mets étaient servis dans des pots de chambre, les
sauces dans des bourdalous, et autres fantaisies rabelai-
siennes.
   Enfermé, pendant la Terreur, dans les prisons de Gre-
noble, M. de Combles charmait ses loisirs et ceux de ses
compagnons d'infortune par des représentations de marion-
nettes, genre dans lequel il excellait. Le geôlier se laissa
prendre à tant de bonhomie ; l'auteur, sous prétexte de
construire les machines et les décorations d'une pièce
annoncée sous le titre de la Grande fuite de Polichinelle,
prépara adroitement son évasion, et le jour venu, on ne
retrouva plus Polichinelle, qui ne se laissa pas reprendre.
   L'œuvre capitale de M. de Combles est la tragédie de
Caquire, qui eut l'insigne honneur de troubler Voltaire,
dans la plénitude de ses triomphes. Voici le titre de cette
parodie, devenue fort rare : Caquire, tragédie en cinq actes

  (4) Cette gravure, devenue fort rare, est conservée dans le cabinet
de M. Morel de Voleine.