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SA VIE ET SES ŒUVRES 205 luthier, Pierre Silvestre, dont il était le client et l'ami. Silvestre avait porté au plus haut point de perfection l'art de fabriquer les instruments à cordes, et jouissait de l'estime générale, grâce à sa probité et à son caractère bienveillant. Son atelier était le rendez-vous des artistes et des amateurs, et retentit plus d'une fois, • des brillantes improvisations des plus hautes célébrités. La musique religieuse, ou mieux ecclésiastique, fut toujours l'objet des études et des préoccupations de Morel de Voleine. Il en était un adepte fervent, mais à condition qu'elle fût exécutée conformément aux règles de la liturgie, et il considérait le plain-chant comme un des traits les plus essentiels de la physionomie du culte catholique dont il est et doit rester partie intégrale. La maîtrise de Saint- Jean lui semblait fournir l'expression la plus parfaite de cette manifestation de lJart chrétien, et on le voyait sou- vent, pieusement recueilli, suivre d'une oreille attentive les antiques chants grégoriens rendus, dans toute l'ampli- tude de leurs beautés, par les voix pures des petits clercs de la Primatiale. Il n'admettait l'orgue que réduit au rôle effacé de soutien et de régulateur du chant, « ce qui est fort rare, car l'organiste, désireux de briller, ne craint ni d'interrompre, ni de supprimer les antiennes, les hymnes et les psaumes, ni même d'égayer une messe basse, ce qui est absurde, puisque ce sont là des messes sans paroles, pendant lesquelles on fait de la musique. Cette soi-disant musique religieuse a introduit le désordre dans toutes les parties du culte; les fidèles ne reconnaissent plus les paroles de la messe, le chœur est envahi, le clergé cède la place aux instruments et le prêtre, chargé de célébrer le sacrifice, disparaît derrière le chef d'orchestre; on y distribue des programmes, et les places sont cotées et numérotées comme