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ET LA BATAILLE DE BRIGNAIS 165
son territoire fut mise à feu et à sang à tel point que les
traces de ces ravages peuvent être encore reconnues de nos
jours. Notre savant collègue, M. Vachez, nous disait
récemment que dans les petites localités du Forez, du Viva-
rais et de l'Auvergne qu'il connaît si bien, la tradition de
l'invasion des Grandes Compagnies s'est parfaitement con-
servée en même temps que des ruines nombreuses
témoignent de la véracité de ces souvenirs. Si l'Alsace, qui
faisait alors partie de l'Empire Germanique, fut assez heu-
reuse pour les repousser, le Pape réfugié à Avignon dut
composer avec elles au prix d'une énorme rançon. Puis elles
vont en Espagne entretenir une longue guerre civile, lutte
fratricide, qui, elle aussi, devait retarder d'un siècle l'expul-
sion des Maures. En Italie, elles se mettent à la solde des
Républiques et des petits princes dans ces misérables conflits
de tous les jours qui venaient distraire les esprits élevés du
culte des Sciences et des Arts au moment de leur renais-
sance.
Pendant cette longue période de guerres incessantes,
notre ville, qui venait de se donner à la France depuis
quelques années à peine (3), sut lui rester fidèle. Plusieurs
fois elle courut les plus grands dangers et dut s'imposer
d'immenses sacrifices. Rien ne put ébranler son patriotisme.
Je me propose, dans les pages qui vont suivre, d'insister
sur quelques détails peu connus de cette époque mémo-
rable.
(3) 10 avril 1312. Pierre Bonnassieux. De la réunion de Lyon à h
France. Étude historique d'après les documents originaux. Paris, Lyon,
1875, page 158.
N»3. — Mars 1894. 12