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                  SYNDICAT DE DEMOISELLES                151

     Plus de secrets, plus de mystères, la future saura tout,
  elle pourra se prononcer en connaissance de cause, sans
  compter que le syndicat lui fournira les moyens de faire
 filer son soupirant, comme un simple Eyraud.
     Elle saura d'avance si elle a affaire à un joueur, à un
 égoïste, à un indifférent.
     Vous connaissez l'histoire du monsieur qui se marie sans
 enthousiasme :
     « — Ainsi, vous vous mariez ?
     « — Ma foi... oui!
     « — Et vous aimez sérieusement votre femme ?
     « — Mon Dieu, mon cher, je vais vous dire : en pro-
 vince nos terres sont limitrophes, à Paris nous demeurons
 dans la même rue, je l'avais là, sous la main, les choses se
 sont faites tout bonnement... mais si sa famille l'avait
 placée en haut d'un mât de cocagne, je ne serais certai-
nement pas allé l'y chercher. »
    Eh bien, avec le syndicat en question, ce monsieur-là
courrait grand risque de ne pas trouver à se marier.
    Les femmes — qui oublient quelquefois leurs devoirs —
se souviennent toujours de leurs privilèges, et c'est à celui
d'être aimées pour elles-mêmes qu'elles tiennent le plus.
    Quelle commisération peuvent-elles avoir pour un
homme qui se refuse à aller les chercher à vingt mètres
au-dessus du sol, quand tant d'autres se déclarent prêts à
les suivre au bout du monde ?
    Pourtant un scrupule me vient : le syndicat — dans son
programme — me paraît avoir traité comme une quantité
absolument négligeable : l'Amour!
    Comment s'y prendra-t-on pour retenir deux cœurs,
irrésistiblement attirés l'un vers l'autre ?
    Ses meilleurs arguments seront pris en pitié.