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150 SYNDICAT DE DEMOISELLES Comment cette idée géniale et reconfortante n'est-elle pas née en France ? Mon patriotisme en souffrirait étrangement, si je ne m'étais efforcé de lui faire entendre raison, en lui disant que le soin de mettre en régie les épouseurs, s'accorde infi- niment mieux avec le caractère froid, méthodique et rangé des Anglaises, qu'avec la nature enjouée, capricieuse, insou- ciante des Françaises. Il faut dire aussi que chez nos voisins, une plus grande latitude est laissée à la jeune fille, pour le choix d'un époux. Les blondes miss jouissent, à cet égard, d'une liberté qu'on ne pourrait, sans danger, acclimater chez nous. Plus exposées à se tromper et à être trompées, elles ont dû comprendre, les premières, la nécessité de se coaliser contre l'ennemi commun : le prétendant. A l'heure qu'il est, celui-ci se trouve placé sous la haute surveillance d'ane police féminine, peu disposée à plaisanter avec les choses sérieuses. Les syndicats de demoiselles seront le Référendum des jeunes gens en quête d'une épouse. Chaque prétendant — un peu en vue — y possédera son casier, son numéro, sa fiche, relatant sa situation de fortune, son caractère, ses aptitudes, ses qualités physiques et morales. Le crédit qu'on peut accorder à ses promesses s'y trou- vera soigneusement jaugé. Inutile de dire que les écarts de sa vie de garçon y seront notés dans leurs moindres détails : celui qui aura mené une vie de bâtons de chaise pourra s'attendre à trouver pas mal de bâtons... dans ses roues. Et je vous promets que cela ne marchera pas tout seul. «