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                         DE.VEVEY                         I47

 nos fêtes populaires chez nous. Là, les gens appartenant aux
 classes les plus élevées de la société se font un plaisir, un
 honneur de participer aux réjouissances de leur pays.
    Le fameux chant du Ranz des Vaches qui faisait déserter
 les soldats des cantons suisses sous le premier empire,
 quand ils l'entendaient, a été entonné sur la grande place
 de Vevey par le premier notaire de Fribourg, superbe
 dans son costume de berger des Alpes, et avec une voix
claire et retentissante.
    La blonde Cérès était une dame des plus aristocratiques
des environs.
    En descendant de son char triomphal, un huit-ressorts
l'emmenait au galop de deux bons postiers, dans son châ-
teau voisin.
    Enfin, et c'est tout dire, l'abbé de la Confrérie des Vigne-
rons, le chef de la fête, n'était autre que M. Cerésole, l'ex-
président de la Confédération Helvétique.
    Ce sont ces mœurs douces et simples, cette commune
affection, cet esprit de sagesse et de modération, cet ardent
patriotisme, et surtout le sentiment religieux qui ont fait et
font encore de la Suisse une libre et heureuse nation.
    Il fallut enfin songer à la retraite, l'ombre du soir
arrivait. Je quittai à regret ce j rivage enchanté et, bientôt
revenu dans mon paisible Evian, les souvenirs de cette
journée assaillirent encore longtemps ma pensée, avant que
le sommeil vînt mettre fin à ces charmantes émotions.
    J'ai voulu les retracer, et je serai heureux, si malgré son
imperfection, ce récit a pu offrir quelque intérêt au lecteur.

                                              E. CUÀZ.