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98                             « LOUISE »

 brisée de désespoir. Quant au jeune homme sa douleur n'est
 pas moins grande. Perdu dans de tristes pensées, il s'est un
 peu éloigné de l'hospitalière maison où il a retrouvé avec la
 santé le Icalme du cœur. Un pas résonne derrière lui. Il se
retourne. C'est la mère de Louise, la mère qui ayant deviné
l'amour de son enfant, vient s'en ouvrir à l'amoureux.
Ah 1 qu'il est noble et beau le langage de cette femme !
Comme son affection pour sa fille inspire bien son cœur...
 « Pourrez-vous, dit-elle au jeune homme, rester fidèle à
l'aimée? Jurez-vous de lui donner le bonheur? Si oui,
Louise est à vous. Dans le cas contraire il faut partir sans la
revoir. » Et le pauvre garçon, loyal et sincère, ne se sent
ni la force ni le courage de prêter un serment qu'il ne
tiendrait pas.
   Le jour même, il part, sans faire ses adieux à Louise.
   L'abandonnée languit et s'étiole. Mais Marie est là :
« Puisqu'il est parti, ton amoureux, pourquoi ne pas aller
le retrouver? » lui dit-elle insidieusement.
   Louise repousse tout d'abord une telle idée. Mais la ten-
tation devenant de plus en plus forte, elle finit par suc-
comber.
   Subrepticement, une nuit elle s'échappe de la maison
familiale, gagne la gare la plus proche et part pour Paris.
Elle arrive, et l'adresse de l'aimé en main, se met aussitôt
en quête de sa demeure. Avec quelle émotion troublante
elle gravit l'escalier! La voici devant la porte de l'Élu. Elle
entre.

     Personne. Mais partout s'étalant et brillant,
     Des portraits où sourit quelque fille de joie,
     Des parfums attardés que l'alcôve renvoie,
     Et des rubans épars sur un corset bâillant.