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4P LES SAVANTS LYONNAIS Les préoccupations littéraires n'étaient pas seules à remplir l'esprit et les journées de Dom Vincent Thuillier; en consignant pour la postérité les incidents et les débats, soulevés par la bulle Unigenilus, il ne cessait de s'appliquer à les apaiser et à les terminer dans son monastère et dans toute la Congrégation. De plus en plus la révolte s'accen- tuait, la discipline courait autant de danger que la foi; le Chapitre de 1733 ayant nommé des supérieurs dont la doctrine n'était pas suspecte, de toutes parts éclatèrent des protestations et on appela cette assemblée, par allusion à celle d'Ephèse, le brigandage de Marmoutier. Mais à Rome on était las de patienter et d'être désobéi, on exigeait la révocation des appels et les lettres des procu- reurs généraux, échos des menaces de la cour pontificale, avertissaient de s'attendre aux plus graves événements, on ne parlait pas moins que de dissoudre Saint-Maur. Le car- dinal de Bissy, abbé commendataire de Saint-Germain, avait rompu avec la communauté, il ne paraissait plus dans l'église pour officier; bientôt même il exigea que tous les appelants fussent congédiés ; dix religieux, parmi lesquels le sous-prieur Dom Ursin Durand et Dom Bouquet qui avait commencé son Recueil des Historiens des Gaules, furent dis- persés dans des couvents plus ou moins éloignés. L'épura- tion achevée, on crut le moment propice pour obtenir une rétractation solennelle du passé; Dom Thuillier recom- mença à négocier entre l'abbaye et Fontainebleau, où résidaient alors la cour, le cardinal ministre et l'évêque de Meaux, mais il n'obtint qu'un demi-succès. La communauté consentit simplement à rédiger une lettre au Souverain Pontife et à assurer Sa Sainteté de son obéissance et de son attachement au Saint-Siège ; cette satisfaction bien qu'in- complète fut agréée.