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32 LES SAVANTS LYONNAIS jansénistes, désireux de mieux attaquer le concile d'Embrun, qui avait condamné et déposé un de leurs chefs les plus vénérés, l'ancien oratorien Soanen évèque de Senez, n'ont pas été les seuls à mettre au grand jour l'indignité du métro- politain qui présidait les délibérations ; mais nous n'avons point ici à juger les mœurs de ce cardinal le plus honni du parti et le moins autorisé à lui reprocher des principes de morale outrée; ses relations avec les moines de Saint- Germain nous occuperont uniquement. Elles s'ouvrirent avec Dom Thuillier à propos de l'approbation qu'il accorda à sa lettresur l'appel ou plutôt contre l'appel. Dès 1725, immédiatement après la mort de Denis de Sainte-Marthe, supérieur général, une réaction trop peu étendue et trop courte s'était produite dans la Congrégation et un partisan notoire de la Bulle, Dom Pierre Thibault avait été élu par la diète annuelle : le chapitre de 1726 l'avait confirmé; de nouvelles et pressantes tentatives furent entreprises pour engager lés religieux à se rétracter et à se soumettre. Ajoutons que des lettres de cachet accom- pagnaient trop souvent les exhortations paternelles des supérieurs, destinées à intimider et à exiler dans de lointains monastères ceux dont l'entêtement ne cédait pas. Dom Tlîuillier multipliait ses avis et s'adressait en particulier aux professeurs de théologie; il se rendait parfaitement compte qu'avant tous les autres ils devaient être convaincus et gagnés; sa propre expérience lui avait appris avec quelle peine on répudie des sentiments adoptés sur les bancs de l'école. Un d'entre eux, son ancien élève, qui séjournait à Saint-Bénigne de Dijon, Dom Jean Gomeau, répondit à ses conseils et à ses éclaircissements par une dissertation où la vivacité du langage n'affaiblissait en rien la solidité des arguments et la logique des objections :