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ET LA QUESTION! SOCIALE 525 délégués des syndicats de patrons et d'ouvriers, seront à même d'examiner impartialement les difficultés qui leur seront soumises, d'étudier les améliorations à entreprendre, de fixer « dans la limite de la loi », le salaire minimum ou la durée de la journée de travail. IV Telles sont, brièvement résumées, |les théories écono- miques de M. Borin, aussi sages que désintéressées, à mon avis. Ce livre sera lu avec fruit par les gens réfléchis, par les gens de bon sens, exempts de passion, éloignés de l'exclusi- visme des partis, par tous les gens judicieux et prudents, industriels ou non, qu'anime l'esprit du Bien. En se réfé- rant aux conseils de M. Borin, en mettant à profit les enseignements, que sa compétence économique lui dicte, ils arriveront vite à former ce parti de l'honnêteté, après lequel tant d'hommes soupirent, et qui « est le seul assez large et assez noble pour comprendre tous les dévouements et tous les sacrifices, et ne pas tomber dans la même étroi- tesse d'idées, la même petitesse de vues, la même mesqui- nerie de sentiments qu'on rencontre dans les autres. » La Société moderne et la Question sociale est donc un bon ouvrage, documenté, serré, touffu, parfois insuffisamment divisé, ce qui donne à la lecture quelque chose d'indécis et de flottant, alors que la pensée de l'auteur reste constam- ment claire et lucide. Et je suis presque tenté de répéter ici ce que M. Gaston Deschamp, disait un jour de la savante étude de Charles Renouvier sur Victor Hugo : « Ce n'est pas une lecture facile; on n'y circule pas à l'aise, mais il est bon d'y faire, de temps en temps, un plongeon ; on en sort, on s'ébroue, on se sent fortifié et assoupli. » J'ajoute : on se sent amélioré. Pierre DE BOUCHAUD.