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506 LE SONGE D'UNE NUIT D'HIVER je suppose, ne cherche pas d'explications; il n'y a parmi les animaux ni savants ni demi-savants. Ces derniers, dans notre monde, nient tout, parce qu'ils ne comprennent rien. Avouons que nous avons tous passé plus ou moins par ces ignorances présomptueuses. Avec l'âge et la réflexion, on s'incline avec respect devant la religion, parce que les mystères, par lesquels elle explique ceux de ce monde, montrent une plus profonde connaissance de la nature et du cœur humain, que les plus brillants systèmes des philo- sophes. Est-ce que ceux-ci ne seront pas amenés à recon- naître bientôt que leur domaine est limité et que la région des mystères qui nous environne et nous domine de toutes parts, exige pour être explorée, d'autres sens et d'autres moyens que ceux dont ils disposent? Vous riez d'Eve et du péché originel, bonnes gens qui vous croyez d'une force d'esprit et d'une intelligence supé- rieures à celles des autres. La version biblique cadre mal sans doute avec les données et les tendances de notre éducation sceptique. Mais je ne sache pas qu'on ait trouvé ailleurs une origine plus acceptable du premier homme et de la première femme. Quand on songe aux peines et aux soins que coûte l'éducation d'un enfant, on ne comprend pas son existence sans l'existence préalable de parents adultes. C'est toujours l'histoire de l'œuf et de la poule : pourriez-vous nous dire qui des deux a commencé ? Et ce merveilleux organisme humain, dont l'étude a absorbé ma vie, quelle série de mystères implique son fonctionnement! Nous avons baptisé les os, les muscles, les nerfs, les vaisseaux, les liquides qui le composent mais que notre science est petite à côté de notre ignorance ! Découvrirons-nous jamais le lien qui unit l'esprit à la ma- tière ? Nous avons trouvé le moyen de guérir quelques