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SONGE D'UNE NUIT D'HIVER



          'ÉCHANGE    des lettres avait commencé au mois
            d'août. L'amour avait fleuri pendant tout l'été
            et le temps de la moisson était arrivé. Fort
réservé d'abord, le langage de Lisbeth s'était peu à peu
échauffé sous le souffle brûlant des épitres de son adorateur.
Les âmes les plus chastes deviennent parfois, par leur igno-
rance même du mal, les plus hardies dans l'expression de
leurs sentiments. Elles ont d'adorables naïvetés, et leur can-
deur platonique est plus troublante que la coquetterie provo-
catrice.
   Claude ne s'étonnait pas d'une exaltation de sentiments,
dont il savourait le dernier écho, en se rappelant le diapason
auquel il était monté lui-même, duels éclairs de vie et de
jeunesse jaillissaient de ces pages jaunies! Quel livre on


  (*) Voir la Revue du Lyonnais de Novembre 1893.